L'annonce faite par la FNCF le 29 novembre dernier, sur son offre tarifaire, en contrepartie de la baisse du taux de TVA à 5,5% au 1er janvier 2014 (contre 10% prévus et 7% actuellement), a déjà suscité des réactions variées sur twitter mais pas encore publiquement. L'ARP, par le biais d'un courrier adressé à la présidente du CNC, est la première organisation à se positionner.
En résumé, face à cette décision unilatréale, elle demande en urgence d'ouvrir le dossier exploitation-distribution et l'économie qui est réellement associée.
Dans son courrier, l'ARP comprend cette démarche qui "s’inscrit dans le contrat moral s’étant noué entre la puissance publique et les salles autour du retour au taux de TVA culturelle lors du vote de la loi de finances" et elle souhaite "que le jeune public puisse, autant que possible, accéder aux œuvres des cinéastes", elle estime aussi qu'il est "important de réfléchir ensemble à la manière de rendre à la salle toute son attractivité".
Mais cette décision passe mal pour l'ARP car "elle ne doit pas ignorer les principes qui régissent l’Exception culturelle, pour laquelle nous nous sommes tant battus cette année". Pour l'organisation présidée par Michel Hazanavicius, "limiter la question du jeune public en salles à la question de la tarification serait limiter le cinéma à un simple produit de consommation ajustable à la notion de pouvoir d’achat. Ce n’est pas la conception que nous voulons défendre".
"Le cinéma est une œuvre culturelle collective qui associe le cinéaste aux techniciens, mais également aux producteurs et distributeurs, qui décident tous ensemble d’offrir cette œuvre au public le plus large grâce à la salle de cinéma. Ainsi, il est essentiel que l’ensemble de la chaîne soit associé à la mise en place et à l’analyse des répercussions de cette expérimentation menée sur le jeune public par la Fédération des cinémas. Il est très étonnant qu’aucun ayant droit du cinéma n’ait été associé à ce choix stratégique pour attirer le jeune public en salle", écrit la Société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs.
Il est même, pour l'organisation, "ahurissant que les salles puissent décider unilatéralement de la valeur marchande de nos films, alors qu’ils n’en sont pas propriétaires des droits et que certains assument, non sans une forme de cynisme, que nos films ne représentent pas l’essentiel de leurs revenus".
Et l'ARP avait des idées sur le sujet : "Pour être sensible à la question du pouvoir d’achat des familles, nous aurions pu réfléchir à une réduction de 50% des prix du pop-corn, confiseries, ou autres sandwichs FNCF qui font considérer nos films par certains comme des produits d’appel pour la vente de ces produits dans les salles".
Alors qu'il n'y a pas eu "d'étude d'impact préalable à l'imposition de ce tarif , nous ne devons à aucun prix faire l’impasse sur une analyse fine et en temps réel de ses effets et aux garanties que sont en droit d’attendre les ayant-droits" poursuit l'ARP qui demande au CNC de mettre en place "un observatoire hebdomadaire d’analyse des sorties qui seraient le plus susceptibles d’être impactées par cette expérimentation".
Enfin, pour l'Arp, il y a urgence de poser collectivement la question de l’exploitation et de la distribution des films en salle, et d'analiser réellement l’économie qui y est associée. Le Rapport de René Bonnell, qui rappelons-le doit être remis très prochainement, associé à celui sur l’Acte II de l’Exception culturelle, serait évidemment l'occasion pour l'Arp d’amorcer ce travail.
Sarah DROUHAUD