Version allemande : Die Klugen Fraue, de Jacques Feyder et Arthur Maria Rabenalt, avec Paul Hartmann, Françoise Rosay, Albert Lieven, Charlott Dauder...
Analyse
Ce film ouvre, avec les deux longs métrages précédents de Feyder (Le Grand Jeu et Pension Mimosas), la veine du réalisme poétique qui sera ensuite approfondie par son assistant Marcel Carné.
C'est aussi un hommage à la peinture des primitifs flamands, qui a inspiré les décors et la mise en scène. L'œuvre de Feyder rend compte du réalisme de cette peinture et met en exergue des personnages truculents, qui semblent tout droit sortis de ces tableaux. Les plans fixes sont nombreux, de façon à privilégier le point de vue que l'on peut avoir devant une peinture. La taille des décors est réduite, afin de laisser une place prédominante aux personnages, comme cela se faisait dans les tableaux des primitifs flamands. Feyder, d'origine belge, voyait dans ce film « le plus grand effort qui a été réalisé pour vulgariser et diffuser à travers le monde, l'art prestigieux des grands peintres de son pays natal. »2.
La ville de Boom a été reconstituée, par le décorateur Lazare Meerson, dans la cour des studios d'Epinay-sur-Seine en France. Il a su reproduire, dans un style poétique, l'ambiance de la ville et des intérieurs flamands du XVIIe siècle. Son travail, avec l'aide d'Alexandre Trauner et Georges Wakhévitch, a fortement contribué à la beauté du film.
Une réception tendue
La Kermesse héroïque obtint, à sa sortie en Europe, un très grand succès dans les salles3. Mais le film suscita aussi des réactions de rejet en Flandre où on lui reprocha de présenter les Flamands comme des lâches et des collaborateurs. Lors de la première guerre mondiale, une grande partie de la Flandre était occupée par les Allemands. L'histoire pouvait dès lors peut-être évoquer indirectement un faible esprit de résistance des habitants pendant cette période et même de la complaisance envers l'occupant. C'est ainsi qu'il fut compris par des spectateurs de 1936, ce qui suscita des manifestations de protestation dans les grandes villes du nord de la Belgique. Georges Sadoul, historien du cinéma, se porta en faux contre cette interprétation : « Ce qui était sans rapport avec les intentions du réalisateur. Elles relevaient d'un pacifisme ancien, sans pour cela annoncer la "collaboration" dans laquelle, cinq ans plus tard, devaient se lancer les flamingants adversaires de La Kermesse ». Le film fit débat à la chambre belge qui repoussa la demande d'interdiction demandée par certains Flamands. La Kermesse fut cependant interdite à Bruges5. Le dr Goebbels, ministre allemand de la propagande, favorisa le film à sa sortie car il donnait, selon lui, une bonne image de l'occupation allemande en 1914-19182. Il le fit interdire plus tard en Europe occupée tout le temps de la guerre.
Source : Wikipedia
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Récompenses
Grand Prix du cinéma français en 1936
Prix de la meilleure mise en scène à la biennale de Venise en 1936
Grand Prix du Cinéma International décerné par les critiques français