Adaptée du célèbre roman d’Eugène Sue, Les Mystères de Paris est une série d’animation 2D imaginée par Véronique Puybaret et Matthieu Dubois, produite par La Curieuse. Réalisée à partir de gravures en noir et blanc issues d’éditions anciennes, la série se compose de 40 épisodes courts de 3 minutes, qui racontent l’enquête de Rodolphe de Gerolstein sur la disparition de son cousin dans le Paris des années 1840. Narrée en voix off, la série mêle fiction et éléments documentaires — géographiques, historiques, littéraires et artistiques — offrant une plongée dans le Paris d’avant Haussmann.
À l’occasion de la rentrée, la créatrice, scénariste et réalisatrice Véronique Puybaret, ainsi que Gini Lorin, distributrice chez Script Line, reviennent sur les défis de cette adaptation ambitieuse et ses aspirations à l’international.
Unifrance : Les Mystères de Paris est l’adaptation en série du roman d’Eugène Sue. Quelles sont les principales contraintes ou libertés dans l’adaptation d’une œuvre aussi emblématique ?
Véronique Puybaret : Il y a eu assez peu de contraintes. La puissance narrative du roman et la fantaisie de ses personnages ont guidé nos choix avec ma co-scénariste Lucile Prin. Nous avons ajouté un narrateur afin de faciliter la gestion de cette profusion narrative. L’objectif était de rendre hommage à l’œuvre de Sue, tout en la rendant accessible.
La série opte pour une animation 2D “cut out” à partir de gravures en noir et blanc de l’époque. Ce choix esthétique était-il envisagé dès le départ ? Quels ont été les principaux défis d’une technique encore peu répandue dans le paysage audiovisuel ?
VP : J’ai eu la chance de découvrir le livre dans une ancienne version entièrement illustrée par des gravures d’époque (édition Charles Gosselin de 1843). Le choix d’animation en “2D cut out” faisait partie du concept initial, après validation par Matthieu Dubois, adaptateur graphiste de la série, de la possibilité d’animer ces gravures.
Vous proposez deux formats de visionnage : 40 épisodes courts de 3 minutes environ, ainsi que 2 épisodes de 53 minutes. Qu’est-ce qui a motivé ce double format ?
VP : Le projet a été conçu dès le départ comme un format feuilletonnant, en écho au roman-feuilleton d’origine, emblématique de la littérature populaire de cette époque, d’abord publiée dans la presse. Le format 2 x 53 minutes a été réalisé dans un second temps, à la demande de France 3 Ile-de-France qui a souhaité une diffusion sous cette forme pour les fêtes.
La série mêle fiction et éléments documentaires d’ordre géographique, historique, littéraire et artistique, permettant de découvrir le Paris d’avant Haussmann. Selon vous, quels sont les principaux éléments qui rendent cette adaptation particulièrement exportable à l’étranger ?
VP : Le roman d’Eugène Sue est dès l’origine fortement ancré dans Paris. Cela faisait partie intégrante du projet que de proposer des apartés documentaires, légers mais pédagogiques. Sachant qu’il pourrait intéresser les publics anglo-saxons, nous avons réalisé un sous-titrage anglais particulièrement soigné.
Gini Lorin : La ville de « Paris », présent dans le titre, suscite immédiatement de l’intérêt. Ensuite, je mets en avant l’ingéniosité technique, qui incite à visionner le trailer. Si le diffuseur recherche des programmes éducatifs, les références historiques sont un point fort. Le choix du format court permet une exploitation sur tous types de support : plateformes, chaines YouTube, chaines FAST.
Au-delà de ses dimensions pédagogiques, les thèmes abordés dans la série – tels que l’exploitation de la misère et le recours à la violence – sont très présents dans la série. Bien qu’initialement destinée à un public adolescent, pensez-vous que la série puisse toucher un public plus large ?
GL : Oui, tout à fait. Les thèmes abordés restent malheureusement très actuels, notamment la violence gratuite. On peut imaginer que la série favorise un dialogue entre parents et adolescents, et permette une prise de conscience des conséquences de cette violence.
La série a bénéficié d’une belle exposition à l’international, notamment grâce à l’Institut français et à sa sélection par Animation First en 2022 à New York. En quoi cela a-t-il contribué à renforcer sa reconnaissance à l’international ?
GL : Ce sont des références qui attestent de la qualité du programme. Animation First est le seul festival dédié à l’animation française à New York. Il valorise des programmes innovants et uniques dans le domaine de l’éducation et des arts. L'Institut Français, quant à lui, organise des projections dans des ambassades et centres culturels dans différents pays. Le programme a ainsi été visionné aux Etats-Unis, en Inde, en Turquie, au Brésil, en Libye, en Irak, etc.
La série est diffusée sur plusieurs plateformes. En France, elle est disponible sur TV5MONDEplus. Lumni, la plateforme éducative de France Télévisions, a manifesté son intérêt. À l’étranger, c’est sur SamsungTVPlus et Gan Jing World que le programme est accessible. Pouvez-vous revenir sur le parcours de la série à l’international ? Et quelles sont vos ambitions pour la suite ?
GL : Je suis arrivée en fin de l’exploitation du primo diffuseur. TV5MONDEplus a acheté le format court et poursuit activement ses actions de promotion, ce dont nous sommes ravis. Par exemple, le programme a été diffusé sur la chaine YouTube TV5MONDEplus du 5 juillet au 29 août dernier, à raison de 2 épisodes par semaine. Ensuite sont arrivées SamsungTVPlus, puis Gan Jing World, rencontrées au MIPCOM. Je poursuis actuellement la recherche de nouvelles exploitations, notamment du côté de l’Asie.






















