Point de vue
On peut distinguer trois aspects dans cette dernière œuvre de Chabrol :
- Un gigantesque canular où la violence verbale, celle des sentiments, dépassent de loin les plaisanteries de salle de garde. Cependant, l'esprit carabin tel qu'on l'imagine – cynique, paillard –, s'y retrouve.
- Un énorme guignol dont les héros incarnent la bourgeoisie. L'égoïsme, la primauté de l'argent, l'hypocrisie et les pulsions sexuelles le mènent, et meuvent les ficelles des pantins chabrolesques.
- Un film à suspens dont la trame, invraisemblable, est soigneusement conçue, à la manière d'Hitchcock. Une belle machinerie aux rouages bien ajustés qui produit, en temps utile, l'effet choc.
Ajoutons un solide travail d'artisan de cinéma, une excellente direction d'acteurs. Belmondo, paillard, bonasse et féroce. Mia Farrow, enlaidie, claudicante, niaise, neutre et sournoisement dangereuse. Enfin Daniel Ivernel, dont la redoutable bonhomie éclate de sincérité.
Seulement la critique sociale est banale et ne va pas loin. C'est la revanche de Chabrol contre son milieu Peut-être aussi la libération de quelques obsessions personnelles.
Cette œuvre qui eut pu être "hénaurme", puissante, frappe surtout par une vulgarité goguenarde difficile à supporter
© Jacqueline Lajeunesse, "La Saison Cinématographique 1973"
Anecdote
Avec 2 062 335 entrées, Docteur Popaul est le film de Claude Chabrol qui a eu le plus de succès en France.