Ce film est un énorme porte-avions que nous avons lancé. Quand j'ai commencé à le préparer, l'Union Soviétique existait encore. Puis, pendant une longue péroide, j'ai été une sorte d'appât ou de propagande de la Perestroïka. On m'a sorti d'une boîte pleine de naphtaline dans laquelle on m'avais mis pendant longtemps (j'avais été licencié), on a fait de moi un artiste populaire et on m'a envoyé me promener à travers le monde pour que je raconte le processus de démocratisation inimaginable qui se passait dans mon pays. Je l'ai fait sincèrement. C' était dans mon caractère, un peu anarchique, j'étais dans une euphorie totale devant tout ce qui se passait. Mais j'ai assez perdu de temps à cela. Voilà à quoi j'ai été confronté : comme cela m' était impossible de travailler sous les bolchéviques, c'est presque aussi impossible pour moi de travailler maintenant. Avant, la façon d'étouffer le cinéma était idéologique, maintenant la façon de le détruire est économique. Je suis content d'avoir travaillé avec des producteurs français pour tourner "Khroustaliov", car cela m'a donné une liberté. J'ai toujours eu mon destin malheureux dans le cinéma. Malheureux ou peut-être heureux, je n'en sais rien.

(Alexeï Guerman - Réalisateur)