Mise en scène accordée aux situations sociales, aux professions, ici des appartements semi bourgeois, semi-bohèmes, remplis de livres, une maison de campagne à Fontainebleau.
Ces personnages qui suivent tous une logique (Natacha veut pousser son amie dans les bras de son père, Igor accroche toujours des jeunes filles aux caractères difficiles, Anne est professeur de philosophie) arriveront-il a en diverger pour construire quelque chose ? Sont-il libres de le faire ?
Question du jugement synthétique a priori. Le jugement n'est pas contenu dans l'énoncé : l'espace et le temps sont des structure a priori.
Source : cineclubdecaen.com
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Point de vue
Jeanne est une jeune femme posée et très maîtresse d’elle-même, aussi Natacha, intelligente mais un brin frivole, ne tarde pas à lui vouer adoration, et surtout à voir en elle la fiancée idéale pour son père. Souvent absent, Igor passe pourtant par l’appartement et croise donc Jeanne. Ils ne manquent naturellement pas de se laisser séduire. Mais tous deux sont déjà pris. Pendant qu’ils font plus ample connaissance, la détestation de Natacha pour Eve évolue en haine rageuse. Elle pourrait réussir à chasser la jeune femme mais ses tentatives de lui substituer Jeanne sont tellement grossières que personne ne s’y trompe. Et ce qui met la prof de philo dans une situation bien inconfortable.
Comme d’habitude chez Rohmer, ça cause, ça cause, ça cause encore, et pour notre plus grand plaisir. Non seulement il était cinéaste, mais aussi très bon écrivain. Certes, ces dialogues choquent au départ par leur manque de naturel mais on s’y habitue peu à peu comme à une langue étrangère mélodieuse. Un peu prof, le cinéaste accordait d’ailleurs une grande importance à la diction. Il serait pourtant sot de limiter son style à de jolies phrases joliment dites. L’usage des éclairages est encore une fois remarquable, il sait ici utiliser les lumières extérieures, les faire pénétrer dans les espaces clos, conférant à son film fraicheur et naturel. Pas un naturel crasseux dans le style Envoyé Spécial et consort (d’une influence néfaste sur le septième art). Un naturel où chacun est habité d’une forme de grâce. Rohmer, c’est le contraire du clinquant (Black Swan, Danny Boyle, suivez mon regard...) Du cinéma mature, dépourvu de tout effet gratuit. Les héros se prêtent allègrement aux errances sentimentales, qu’ils ne manquent pas de commenter en même temps.
Rohmer pratiquait un cinéma léger et conscient de sa légèreté, autrement dit, le comble de l’élégance, mesuré en toute chose. Comme souvent, les personnages sont déjà en couple au début du film, puis se laissent aller au jeu de la séduction, avant de rentrer gentiment au bercail. Le regard est amusé, rien de tout ça n’est d’ailleurs très grave. Rohmer ne fait pas de ses films des drames, l’amour chez lui prête à la comédie. Pourtant, sans s’en donner l’air, au détour d’un plan, d’un regard, perce un soupçon de gravité. Une gravité qui éclatait, sans prévenir, dans L’Amour l’après-midi. Là aussi cependant une certaine froideur, une distance permettait la justesse de ton. Rohmer rejetait le cinéma sentimental. De l’élégance, vous dis-je.
Source : borel.over-blog.com