Les Cousins a remporté l'Ours d'or au Festival de Berlin 1959.
Analyse
Les jeunes décrits par Chabrol sont de riches jeunes gens de Neuilly menant grande vie, parfaitement située socialement dans un milieu qu'apparemment l'auteur connaît bien. Le drame naît de la présence parmi eux d'un jeune provincial dont les principes ne s'accordent pas avec les leurs, et qui, finalement, est écrasé, vaincu dans tout ce qu'il a de plus cher: son amour et son travail.
L'originalité du film provient non seulement d'une annexion au domaine du cinéma français de motifs (sociaux ou psychologiques) qui semblaient être l'apanage de quelques Anglo-Saxons (romanciers, cinéastes ou caricaturistes) mais d'un sens des rapports sociaux que Balzac n'aurait pas mésestimé. Sa subtilité provient peut--être de la délicatesse avec laquelle ces deux courants se fondent pour donner naissance à une oeuvre d'une exceptionnelle saveur.
On retrouve les qualités du Beau Serge : rigueur. précision du trait, utilisation dramatique du décor, justesse de la notation psychologique, stricte peinture d'un milieu. En cela, ce film est à la fois précurseur de la Nouvelle Vague et déjà un peu en marge de celle-ci.
La direction d'acteurs est parfaite, avec un parti pris d'ambiguïté qui sert à enrichir les personnages, mais qui peut échapper à un public non averti. On doit mettre également à l'actif du film une grande liberté de ton et un non-conformisme parfois provoquant, qui effarouchèrent d'ailleurs les tenants de la morale traditionnelle.
Chabrol, qui a engagé sa fortune personnelle dans l'aventure maîtrise son deuxième long-métrage.Pour ces raisons, il faut tenir Les Cousins pour une œuvre importante, irritante, mais lucide, cruelle et brillante.
Source : ann.ledoux.free.fr