L’action du film se passe de nos jours, dans la propriété du grand peintre Édouard Frenhofer, sise dans le midi de la France. Le drame se noue en cinq grandes journées. Il concerne la remise en chantier d'un tableau légendaire, "la belle noiseuse" (le titre est un hommage a un maitre ancien), abandonne par Frenhofer il y a une dizaine d'années, et pour lequel jadis sa compagne lise avait servi de modèle. Ce tableau est considère par le peintre comme une expérience "ultime de vérité, qui met en danger a la fois le peintre et le modèle. C’est pour cette raison que Frenhofer avait remis sine die l'achèvement de ce tableau, craignant que sa relation avec sa compagne n'y survive pas. La rencontre d'une jeune femme, Marianne, épouse et modèle d'un jeune peintre au génie précoce, Nicolas, va redonner a Frenhofer le désir de reprendre et d'achever son chef d'œuvre, advienne qui pourra en utilisant cette fois Marianne comme modèle. Un ami de Frenhofer et grand acheteur de ses toiles Baltazar Porbus, intéressé par le tableau et par la jeune femme s'entremettra pour le persuader d'aller cette fois jusqu'au bout. En cinq journées séance de pose, Frenhofer va en effet achever le tableau et comme il l'avait craint jadis a juste titre, l'aboutissement de son chef-d’œuvre entrainera un désastre général qui ne laissera survivant aucun des personnages en présence, ni intact aucun des protagonistes. Chacun s'en retournera de son cote, ravage par la "vérité" du tableau. On ne sait pas ce que deviendra le tableau, mais nul ne sera jamais en mesure d'en déchiffrer le sens. Caché, recouvert, oblitéré, enfoui, ou détruit, le tableau sera a jamais cette "chose bizarre incompréhensible" qu'il aurait peut-être été aux yeux de tous (sauf de Marianne et de Frenhofer) s'il avait été divulgué au public.
Synopsis
Acteurs (6)
Production et distribution (4)
Productions Déléguées :
George Reinhart Productions, Pierre Grise Productions
Exportation / Vente internationale :
Box Office : cumulé
Box Office : chronologie
Sorties à l'international (15)
Pays | Distributeur | Acheteur | Date de sortie |
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Propos
Il ne fait pas de doute, en apparence, qu'à l'intérieur d'une seule et même Belle Noiseuse, ce sont deux films qui cohabitent, le premier (qui s'ouvre sur ce prologue-hameçon à la belle virtuosité entre Marianne et Nicolas) prenant appui sur un marivaudage qui deviendra plus grave au fur et à mesure de son frottement au second film, ce film presque documentaire sur les séances, les journées (au sens presque sadien du terme) que le peintre Frenhofer (joué par Piccoli mais dont la main n'est autre que celle du peintre figuratif Bernard Dufour) passera en atelier avec Marianne pour essayer de mener une nouvelle fois à terme la réalisation d'un tableau, La Belle Noiseuse. Cela ne fait nul doute (et la version courte du film, Divertimento, corrobore cette scission entre deux films distincts) et pourtant, à bien les regarder, ces deux noiseuses n'en finissent jamais de s'entrecroiser, de brouiller leur piste, de donner - l'une dans le romanesque, l'autre dans le document brut - des informations l'une sur l'autre. Sans doute parce que, plus de dix ans après L'Amour fou et en prenant (ce n'est pas un hasard) une fois encore le temps de s'immiscer dans le processus créatif immense, ici celui qui lie un peintre à son modèle, avec l'ambiguïté et la fragilité que le nu impose à l'intérieur même de cette relation, La Belle Noiseuse ne pose qu'une question déclinée sous ses diverses formes : la possession est-elle possible ? l'idée de posséder quelqu'un, sinon quelque chose de quelqu'un, n'est-elle pas pure folie ?
De même que l'amoureux se trompe en croyant posséder celle qui est l'objet de son amour (Nicolas et Marianne, Liz et Frenhofer), de même que le peintre s'illusionne lorsqu'il croit s'emparer des secrets intimes de son modèle en la regardant, lentement, avidement, et de si prés, en la re-produisant, l'artiste se fourvoie en croyant achevée l'oeuvre qui le maintient en vie. C'est sur cette leçon, laissée ouverte, sur les possessions impossibles que le film prend soin de ne pas se clore, avec douceur et en bon terme avec son intelligence, en ne montrant pas le tableau achevé, en posant comme anecdotique le désir de vouloir s'affranchir par le regard d'un travail accompli. C'est cette fin ouverte qui donne à La Belle Noiseuse son horizon, sa respiration, cette façon de vouloir croire un peu encore à cette illusion d'une oeuvre à faire, alors que tout dans son cheminement repose sur une bien plus grande liberté, sur un pari bien plus risqué : laisser le temps écrire le roman des hommes, celui de leurs amours, de leur attirance comme de leur répulsion, laisser à la mise en scène le soin de capturer sur la longueur les fils invisibles que tissent entre eux les êtres. Le film tient tout entier dans son tracé, jamais dans l'achèvement.
Passionnant document sur le travail de l'art en train de se faire, formidable projet d'un film en forme de "work in progress" guidé par ses instincts, tentative ébouriffante de rejoindre une fois encore par la pratique l'axiome que Rivette, jeune critique aux Cahiers du cinéma, avait posé sur le cinéma suivant lequel "tout film est un documentaire sur son propre tournage" (belle idée fixe, qu'il ne trompera jamais), idéal exemple d'un cinéma moderne épris d'image-temps selon la découpe deleuzienne, La Belle Noiseuse (adapté d'un texte de Balzac, Le Chef-d'oeuvre inconnu) est, l'un dans l'autre, un des films les plus courageux qui soient sur les passions humaines et leur mise à nu.
Jacques Rivette, "Le Monde", 23 avril 2002, entretien avec Jean-Michel Frodon :
« Il y a la version longue, pour le cinéma, et la version courte, appelée Divertimento, pour la télévision. Il ne s'agit pas que de coupes, j'ai monté d'autres prises des mêmes scènes, ce qui fait un film très différent. Et les contraintes du raccourcissement (de 240 à 120 minutes) changent l'esprit du récit, la place et l'enjeu du travail du peintre, l'importance du personnage de Jane Birkin... Il y a deux oeuvres différentes à l'arrivée. »
« On pense que c’est un intellectuel, un éternel étudiant. Pas du tout. Il est très ludique et il a une main de fer. Je l’ai baptisé “le moine gai”. » C’est ainsi que Michel Piccoli décrivit Jacques Rivette, qui venait de le diriger dans La Belle Noiseuse. Une collaboration que le comédien n’espérait plus : « Je croyais ne pas faire partie de son monde. » Aussi, lorsque Martine Marignac, productrice de tous les films de Rivette depuis Le Pont du nord (1982), annonça à Piccoli que le cinéaste songeait à lui confier le rôle principal de La Belle Noiseuse, l’acteur s’empressa de répondre : « Dis à Jacques que je fais le peintre ou le modèle, ça m’est complètement égal ! »
Générique détaillé (16)
Assistante à la réalisation :
Producteurs :
Martine Marignac, Maurice Tinchant
Coproducteur :
Ingénieur du son :
Attachée de presse (film) :
Scripte :
Costumière :
Photographe de plateau :
Auteur de l'œuvre originale :
Scénaristes :
Pascal Bonitzer, Jacques Rivette, Christine Laurent
Directeur de la photo :
Assistants opérateurs :
Laetitia Masson, Christophe Pollock