Vingt et un ans après le Rapport sur la construction des situations de 1957, que l’on peut considérer comme le manifeste fondateur de l'Internationale Situationniste, Guy Debord, "se disant cinéaste", a tourné en 1978 son dernier long métrage, In girum imus nocte et consumimur igni, bilan tardif et mélancolique de cette même avant-garde. L’article analyse brièvement ce film, revenant sur certains de ses aspects formels et s’intéressant au récit qui y est paradoxalement réintroduit en même temps qu’une forme surprenante d’identification, qui renvoient au spectacle entendu comme aliénation narrative toujours refusé par Debord. Au demeurant, ce qui a été justement décrit comme un panégyrique se révèle être également, sous certains rapports, le dernier manifeste de l’I.S., voire du phénomène avant-gardiste qui a marqué de son sceau les arts du siècle passé.
Le titre du film est un palindrome latin qui se lit donc indifféremment de gauche à droite et de droite à gauche et qui signifie "Nous tournons en rond dans la nuit et nous serons dévorés par le feu ".