Nous retrouvons dans cette réalisation le désir que Philippe Garrel a de tourner ses films seul (le film muet : absence d'ingénieur du son, pas de cellule photoélectrique : absence du directeur de la photographie). Le Bleu des origines nous replonge dans le cinéma d'antan. Noir et blanc de la pellicule légèrement lavé, inscription des acteurs dans le décor, mouvements saccadés de personnages dus au rythme de la manivelle. Nous sommes à nouveau le 28 décembre 1895 au Grand Café, boulevard des Capucines !
A travers ce parti pris de mise en scène, le film est profondément inscrit dans le temps présent. A une époque où certains jeunes se posent la question de l'origine et du futur, de l'insertion dans la société de consommation et, par contrecoup, de l'acceptation ou du refus d'un schéma culturel imposé par celle-ci, Garrel entreprend, à partir des relations qu'il privilégie, de redécouvrir des valeurs oubliées. Le temps vécu, la connaissance de "l'autre" et la communication avec les êtres et les choses. Pour cela, il prend des actions simples de la vie quotidienne qu'il enregistre en temps réel (plans longs centrés sur le mouvement ou la ficité des personnages).
Ce récit éclaté n'en demeure pas moins une quête qui vise la recherche d'identité. Recherche d'identité de l'auteur lui-même et de ses interprètes (...)
© Jean-Pierre Bertin-Maghit, "La Saison Cinématographique 79"