Serge Mouret est le jeune et frêle curé d'un village pauvre. Il se heurte à la population déchristianisée, âpre, et au frère Archangias, sinistre gardien de l'obscurantisme et du fanatisme. Epuisé, il s'effonde. Son oncle, le Dr. Pascal, le fait transporter au Paradou chez Jambernat, athée, brave homme. C'est Albine, sa nièce, qui veille Serge. Sauvé, le jeune abbé est amnésique. Entre lui et Albine, un grand amour naît et se developpe librement dans l'immense jardin du Paradou. Sous les assauts d'Archangias qui les épie, Serge retrouve la mémoire. il fuit le Paradou, reprend son sacerdoce interrompu, chasse Albine. Elle est enceinte, elle meurt. Serge, en dépit des menaces, des vociférations d'Archangias, l'enterre en terre chrétienne.
Synopsis
Acteurs (8)
Production et distribution (4)
Productions Déléguées :
Valoria Films, Les Films du Carrosse, Stephan-Films
Exportation / Vente internationale :
Diffusions TV : Cumulé
Diffusions TV : détail par pays
Propos
Point de vue
Quelque estime que l'on ait pour Franju, il faut constater son échec. Si La Faute de l'abbé Mouret n'est pas un des meilleurs Rougon Macquart, le roman ne manquait ni de puissance, ni de poésie. Dans le film, on se trouve en face d'un anticléricalisme primaire dont la puissance, parfois ressentie au travers du personnage d'Archangias, est en partie désamorcée par des allusions aux faits actuels. Comment croire qu'Archangias borné, fanatique, puisse imaginer l'existence future des prêtres ouvriers, de la messe en français ? La violence du frère, la douceur évangélique de Serge deviennent ainsi schématiques, concertées.
Et le merveilleux Paradou du roman, ce paradis panthéiste, cet hymne à la nature, à l'amour – ces paysages décrits par Zola perdent toute vibration, toute poésie. On croit voir défiler les pages du catalogue Vilmorin où s'ébattent Serge et une Albine issue du Petit Echo de la Mode. Le film projeté ne montre pas la séquence du grenier, la découvert des toilettes féminines – les nombreux changements de robe d'Albine sont, dès lors, gratuits, irritants. Comme tous les autres acteurs, Gillian Hills (Albine) est mal dirigée, elle n'a aucune grâce, aucun naturel. Francis Huster (Serge), lui, a du charisme mais son dur combat, sa douceur sont hélas surtout perceptibles par le fard qui rantôt ranime, tantôt creuse un visage que des zooms inutiles amènent en gros plan. Et pour avoir voulu donner aux paysages de la Sainte-Baume, du Lubéron, du Parc Floral d'Orléans une certaine unité, on aboutit à des tonalités froides, éteintes. Seules les intérieurs (l'église, la chambre de Serge, la salle à manger de la cure) gardent leurs contrastes, leurs valeurs. Les personnages n'existent guère, aucune vibration n'émane d'eux, ni de la nature cruelle ou triomphante, de ce Paradou, terre-mère bruissante de vie, féconde.
La Faute de l'abbé Mouret est une déception sur tous les plans.
©Jacqueline Lajeunesse, "La Saison cinématographique 1971".