Prix du Meilleur metteur en scène au Festival de Cannes 1957 pour Robert Bresson.
Ce film (tourné en noir et blanc) manifeste bien le goût de Bresson pour l'austérité et la rigueur :
- Très grande économie de moyens : unité de lieu (hormis la première et la dernière scène, et une brève sortie du prisonnier, tout se passe dans la prison ; quelques lieux seulement en sont montrés : cellule, escalier, cour de promenade) ; peu de personnages ;
- Dépouillement visuel : les décors sont extrêmement simples, de même que les plans utilisés.
- Dialogues brefs et intenses le plus souvent.
- Usage assez important de la répétition des mêmes scènes et des mêmes sons.
D'autre part, la situation dramatique a un certain caractère tragique : les personnages principaux attendent leur mort dans une réclusion rigoureuse (et le film est rythmé par le bruit de plusieurs exécutions de prisonniers, et Fontaine sait comme ses camarades que leur tour viendra). Mais le message général du film semble plutôt anti-tragique et optimiste : le succès de l'évasion de Fontaine, qui doit très peu au hasard, peut se lire comme une magnification de la volonté humaine individuelle.
Cela dit, ce film a la particularité d'être organisé autour d'un fil dramatique très classique (la préparation de l'évasion de Fontaine), ce qui le rend plus accessible que d'autres œuvres de Bresson. Un condamné à mort s'est échappé présente donc une ressemblance de surface avec les films relevant du genre de l'évasion : ici aussi, c'est d'abord un problème pratique et matériel qui est représenté (par quels moyens s'échapper ?), et tous les détails concrets des préparatifs sont montrés (démontage de la porte en bois, fabrication d'une corde et de crochets, repérage des lieux, etc.). Mais la grande spécificité du film de Bresson est d'insister sur les enjeux moraux et spirituels de cette évasion : l'important dans les préparatifs de Fontaine, c'est la force de volonté qu'il met en œuvre, l'intelligence pratique qu'il déploie, l'espoir qu'il parvient à entretenir. Le personnage de Fontaine, cependant, n'est pas représenté comme un héros ou un saint (sa détermination à s'échapper fait qu'il envisage de supprimer Jost, et tue une sentinelle allemande). La problématique religieuse est explicitement indiquée par la présence d'un pasteur et d'un prêtre parmi les prisonniers, et par les fréquentes discussions qu'a avec eux Fontaine (au cours de l'une d'entre elles, le pasteur recopie pour lui un passage de l'évangile selon Saint-Jean, l'entretien de Jésus et de Nicodème (Jean, 3, 3-8), qui donne au film son sous-titre "Le vent souffle où il veut").
Source : Wikipedia