Synopsis
Un cinéaste rencontre une femme. Par petites touches, il filme avec sa caméra vidéo des moments de leur vie. Peu à peu, il se rend compte qu'il ne stocke pas des souvenirs mais qu'il construit un film. Il demande à la personne l'autorisation de continuer... Après un an de tournage, 75 minutes de vidéos montées sont prêtes. Il trouve un bon poste de télévision. Il filme l'image avec une caméra 35 mm. Attention, c'est un peu plus compliqué qu'il ne paraît : seule une image vidéo aux formes simples donne une image cinématographique vigoureuse...
Générique
Réalisateur (1)
Production et distribution (3)
- Production déléguée : Les Films de l'Astrophore
- Exportations / Ventes internationales : Celluloid Dreams, Pyramide International
- Distribution France : Celluloid Dreams
Générique détaillé (8)
- Scénariste : Alain Cavalier
- Directeur de la photo : Alain Cavalier
- Assistante à la réalisation : Florence Malraux
- Monteur : Alain Cavalier
- Ingénieur du son : Alain Cavalier
- Productrice : Françoise Widhoff
- Mixage : Florent Lavallée
- Participant : Alain Cavalier
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Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Expérimental
- Thèmes : Amour
- Langue de tournage : Français
- Origine : France
- EOF : Non précisé
- Nationalité : 100% français (France)
- Année de production : 1996
- Sortie en France : 02/10/1996
- Durée : 1 h 15 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Numéro de visa : 90.680
- Visa délivré le : 21/10/1996
- Agrément : Non
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Couleur
- Cadre : 1.66
- Format son : Mono
Actualités & distinctions
Propos
"Le onzième long-métrage d'Alain Cavalier est une merveille. N'y allez pas. Elle n'est pas pour vous. Elle est pour moi. C'est à dire que ce film établit une relation si personnelle, si singulière avec celui qui le regarde qu'il rend presque incongru d'avoir à en partager les échos. Ou alors seulement avec celui ou celle qu'on aime.(...)"
(Jean-Michel Frodon - Le Monde)
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Point de vue
Cavalier est un cinéaste multiple qui ne cesse de se remettre en question, qui a toujours besoin de nouveaux territoires à explorer. Il signe une œuvre en constante évolution, en constant renouvellement, il ne cesse de questionner son art. Cavalier a toujours voulu s’affranchir d’une forme de cinéma dominant et La Rencontre marque la dernière étape en date de cette libération. Il débute dans le circuit classique avec Le Combat dans l’île puis enchaîne trois films en cinq ans. Sur le dernier de ce début de carrière, La Chamade, tourné avec Deneuve et Piccoli, il est submergé par le besoin de fuir, d’échapper au carcan doré de ce cinéma.
Pendant huit ans, il ne tourne plus, jusqu’à sa rencontre avec Patrick Bouchitey, Xavier Saint-Macary, Etienne Chicot et Bernard Crombey. Ils signent ensemble le magnifique Plein de super, film libre, sans entrave, qui régénère le cinéaste qui prend dès lors un nouvel envol. Thérèse, en 1986, marque une nouvelle étape qui annonce la sublime série de 24 portraits d’artisans et le radical et bouleversant Libera Me en 1993. De la grâce à la douleur, sept années durant lesquelles Cavalier renouvelle en profondeur son cinéma.
En 1996, avec La Rencontre, c’est encore à une nouvelle naissance à laquelle on assiste. Profitant des nouvelles technologies, utilisant une petite caméra numérique, Cavalier sort complètement du circuit. Il travaille seul, sans production, sans collaborateurs, et se consacre au journal, à l’essai, à la caméra stylo chère à Alexandre Astruc ici poussée dans sa plus pure expression. La Rencontre est l’aboutissement du trajet d’un cinéaste pour qui la technique, l’économie et l’art doivent se rejoindre pour pouvoir créer sereinement. Cavalier s’est toujours attaché à filmer l’éphémère, les traces, et il trouve dans les nouveaux outils vidéo la possibilité de s’approcher au plus près d’une chose et de la montrer telle qu’elle est : là, dans l’instant. Il filme des petits objets de son environnement qui font écho à l’histoire du film, à savoir sa rencontre avec sa femme : un caillou, un bibelot, une poignée de porte, une paire de chaussures. De sa femme il ne filme que des fragments de son corps, de son visage. Il souhaite avec La Rencontre filmer l’amour, directement, dans sa plus simple expression, essayer de rendre compte de sa réalité. Il souhaite également saisir ce qui disparaît, ce qui meurt, ne pas en conserver seulement la trace mais l’essence. Passionné par ces questions de cinéma, porté par son amour, Cavalier conçoit La Rencontre comme un home movie pour lui et sa femme. Comme il reste un cinéaste, et qu’un cinéaste a besoin du dialogue avec le spectateur, que sans adresse il n’y a pas de lettre, pas de film, Cavalier se dit que finalement ce petit film pourrait être distribué. Pour le kinescopage, il filme avec une caméra 35 mm un écran télé où il diffuse son film vidéo. Pour la diffusion, il s’arrange directement avec le Saint André des Arts qui lui offre quelques séances par semaines, mais pendant un an. Le temps que le film trouve tranquillement son public, qu’il mène sa petite vie de manière aussi discrète qu’il a vu le jour. Et de fait, La Rencontre nous interpelle, dépasse le journal intime pour nous parle de cinéma, de vie. Cavalier explore toujours les rapports entre le filmeur et le filmé, entre les visages et la parole. Dans Libera Me, il évacuait toute parole pour mieux s’approcher du mystère des corps.
Dans La Rencontre, il procède de manière inverse : absence des corps et omniprésence des voix. Mais c’est, par des moyens à priori contraires, la même recherche, le même geste de cinéma, l’absence de l’un renforçant la présence de l’autre. La Rencontre est un film qui laisse entièrement libre le spectateur, qui ne lui impose rien, qui lui laisse prendre possession de tout ce qui est laissé hors champ. On fait dans un même temps corps avec le narrateur, son histoire, on est directement en contact avec lui, on voyage à ses côtés. On partage directement son intériorité, les images de sa vie, sans médiation. Alain Cavalier a rejoint et renforcé une famille de cinéastes qui, de Vincent Dieutre (Entering Difference) à Eric Pauwels (Lettre d’un cinéaste à sa fille, Lettre à Jean Rouch) en passant par Robert Kramer, conçoivent un cinéma où n’existerait comme interface entre le filmeur et le spectateur que la seule toile de l’écran. La Rencontre est un film précieux, fragile et magnifique.
© Olivier Bitoun
Source : tvclassik.com