Au départ, l'idée d'un film qui serait comme un exercice du regard, qui voudrait obstinément, patiemment, quasi-maniaquement donner à voir la matérialité d'un cadre, d'un décor. Les signes qui font l'esprit d'un lieu.
Ici, le passage de Flandre, dans le 19e Arrondissement. Passage entre le bassin de la Villette et la rue de Flandre, long canal routier. Une toute petite rue, compsée exclusivement d'hôtels et d'un atelier de peinture.
Un lieu comme tant d'autres, banal, même pas pittoresque. Simplement, on s'y arrête. Et on regarde : la rue, les hôtels, l'atelier, le café, les murs et leur histoire, signes du temps, mémoire des pierres, des palissades. Entre l'eau et le béton.
Rien à voir avec une enquête, un reportage, un "documentaire" : la recherche d'un langage de l'image qui joue sur le temps, la durée des plans, regards fixés et obstinés, ou lentes glissades, horizontales ou verticales, le long des murs.
Le Passage de Flandre, ce peut être le "Desolation Row" de Bob Dylan (dont la musique sert de leitmotiv au film), lieu anonyme entre tous, mais qui, si on s'y arrête, peut devenir le lieu des lieux...