Cela se passe à Auxerre. Par hasard. C'est un film qui aurait pu être tourné dans bien d'autres villes françaises. Aux frontières de la ville, il y a ce qu'on appelle une cité de transition. Une cité cachée, pratiquement impossible à voir de la route. Les habitants du centre-cville en parlent avec méfiance ou mépris. Lorsqu'ils ne nient pas son existence. Une vingtaine de familles vivent là, dans des baraques de bois ou de ciment que jouxte une décharge publique.
Le film s'efforce de donner à voir la vie quotidienne de l'une d'entre elles. C'est une famille de six enfants qu a vécu pendant 17 ans dans deux petites pièces, faites de planches, sans eau ni électricité. Un voisin, l'ami du couple, vit encore dans un taudis minuscule qui menace de s'effondrer à chaque coup de vent.
Le film raconte cela, ou plutôt regarde ces gens-là, les écoute lorsqu'ils veulent bien livrer un peu de leur histoire, témoigne de leurs conditions de vie, de leurs gestes quotidiens, des relations qui existent entre eux, de leurs rêves.
C'est aussi une rencontre avec l'adolescent de la famille et ses préoccupations : la recherche d'un travail (mais quel travail quand on ne sait rien faire ?), les copains, les filles et son envie – à peine suggérée – de partir.
Mais c'est surtout le portrait d'une femme, de la mère, une femme de 40 ans, usée, à qui rien d'autre n'arrive que le travail. Et qui avoue n'avoir jamais connu de plaisir.