Il est elle, téléfilm diffusé sur TF1 en 2021, et tout récemment nommé aux International Emmy Awards, porte sur le petit écran le sujet de la transidentité, et véhicule un message d’inclusion et de diversité à travers un récit familiale poignant. Nadia Chevallard, directrice des ventes internationales chez Newen Connect nous explique les raisons qui ont poussé Newen à porter ce programme à l’international, et évoque les premiers échos rencontrés en France et dans le monde.
Unifrance : Pourquoi avez-vous choisi de porter le projet de ce téléfilm racontant l’histoire d’une adolescente transgenre ?
Nadia Chevallard : Nous ressentions un besoin de porter des sujets forts, notamment sur la transidentité, l’inclusion et la diversité. C’est également un choix particulièrement engagé de la part de TF1 de se positionner sur un sujet de société qui reste relativement sensible. C’est un film qui porte un combat à l’écran, avec beaucoup de justesse, de pudeur et de délicatesse, et qui entend lever le voile sur la transidentité.
Il y a eu des premiers prix, notamment un double prix à Luchon en 2021 — meilleur scénario et meilleure interprétation féminine pour Andrea Furet. Nous avons rapidement compris que nous avions un projet fort à porter à l’international.
Quel nouveau regard porte le film sur le sujet de la transidentité ? Quelles sont ses singularités pour les acheteurs internationaux ?
Les acheteurs ont souligné qu’il s’agit d’un sujet encore difficile à aborder, qui est ici traité de manière juste et réaliste, sans tomber dans le dramatique. Le film se distingue par son côté lumineux et par son interprétation authentique, Andrea Furet étant elle-même transgenre. Le personnage qu’elle interprète, Emma, a besoin de s’affirmer et de s’exprimer en tant que jeune fille. Le film se concentre sur le regard de l’autre, l’acceptation par la famille, les camarades et la société.
Les acheteurs ont trouvé poignant ce dilemme familial qui se pose, menant à un potentiel éclatement du noyau familial. Dans Il est elle, les parents d’Emma sont perdus, sa mère va d’emblée soutenir sa fille, tandis que son père a plus de mal. Le film met également en lumière la question du suivi médical par le biais des avis médicaux divergents auxquels les parents, soucieux de faire le meilleur choix pour leur enfant, se retrouvent confrontés.
Le film réussi ainsi à trouver un équilibre entre la réalité de ce que vivent les personnes transgenres, sujet qui reste tabou dans la société, et la volonté d’aller de l’avant incarnée par un personnage principal lumineux.
Quels ont été les retours après la diffusion, en France mais aussi à l’international ? Le message porté a-t-il pu traverser les frontières ?
Le téléfilm a réalisé une très belle audience lors de son lancement sur TF1 avec 3,1 millions de téléspectateurs et 15,6% de parts d’audience, le plaçant leader sur la soirée de diffusion. Au-delà de l’audience, il y a eu énormément de retours sur les réseaux sociaux, beaucoup d’internautes se sont manifestés pour exprimer à quel point le film leur semblait nécessaire. Plus qu’une fiction, il s’agit d’un moyen de susciter le dialogue au sein des familles, de faire évoluer les mentalités. D’ailleurs, les jeunes générations ne semblent plus autant se poser la question du genre.
En ce qui concerne la distribution internationale, le groupe A&E, en Amérique latine, a été un partenaire important, qui s’est engagé très tôt. Ils ont acheté le programme au printemps dernier pour une programmation au mois de juin - mois des fiertés LGBTQIA+ - temps forts pour la programmation LGBTQIA+. Ce deal nous a permis de couvrir 47 territoires, avec une diffusion en Prime Time sur Lifetime. Le film contrastait avec d’autres films beaucoup plus dramatisés et plus sérieux. Une promotion phénoménale a été faite par le groupe et les remontées ont été extrêmement positives, avec un écho incroyable auprès du public. Par ailleurs, c’était la première fois qu’A&E s’engageait sur un unitaire distribué par Newen Connect. Nous sommes heureux que le film ait pu rencontrer un écho au Mexique, au Guatemala, en Argentine ou encore au Paraguay.
Aujourd’hui, comment envisagez-vous la suite de la carrière internationale d’Il est elle, notamment au lendemain d’une nomination aux International Emmy Awards ?
Il nous reste encore du travail à l’international, nous avons notamment remis le programme en avant au MIPCOM. Il y a aujourd’hui un intérêt majeur exprimé par les plateformes SVOD, les thématiques de diversité et d’inclusivité étant fondamentales dans leur programmation. En termes de territoires, nous ciblons particulièrement l’Espagne, l’Italie, la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou encore les Etats-Unis. Si le programme est primé aux International Emmy Awards, il y aura un réel écho sur le marché américain.